Chaque voyage, quelque soit la destination, promet son lot d’appréhensions. Comment s’organiser, quel moyen de transport adopter pour quel itinéraire, etc. Mais comment voyager sans parler la langue du pays ? Tout paraît aussitôt plus compliqué.

Pour répondre à Chris, lectrice des Baroudeurs, qui souhaite se rendre au Japon et qui ne parle pas un mot de japonais, j’ai réuni quelques témoignages et conseils plein de bon sens de quelques amis blogueurs. 

Se renseigner sur le niveau de langue du pays avant de partir

Plus on est diplômés, plus on a tendance à penser que tout le monde baragouine un minimum d’anglais. Faux ! Dès que l’on s’éloigne des capitales et des grandes villes, le niveau d’anglais chute dramatiquement. Il est donc important de vous renseigner sur le niveau de diffusion de l’anglais (ou de la langue que vous envisagez de parler) dans le pays où vous vous rendez afin d’éviter toute surprise et ce même en Europe comme a pu le découvrir Sarah de Vents et Voyages en Autriche. 

“Avant de partir en Autriche, je n’ai pas du tout pensé à la langue nationale, l’Allemand, dont je ne parle pas un mot. Je partais assez naïvement du principe qu’en 2017 tout le monde parlait un minimum anglais. C’est donc assez confiante et sans stress que j’ai débarqué dans le Tyrol autrichien. Et là, la douche froide ! Sur place, je me suis vite aperçue que peu de documents dans les offices du tourisme étaient traduits en français et l’anglais n’est pas toujours monnaie courante, surtout dans les petits villages plus reculés. Ce n’est pas la barrière de la langue qui aura eu raison de mon voyage dans ce superbe pays. Partout où j’ai logé, les autrichiens se sont toujours montrés hyper sympas. Voyant mon allemand inexistant, ils ont toujours essayé de me parler en anglais, voire en français dans certains cas. J’étais même gênée de constater qu’ils faisaient plus d’effort avec ma langue que je n’en faisais avec la leur. C’est sûr que pour une prochaine fois, j’apprendrai quelques mots de plus !”

lac Autriche

Apprendre quelques mots avant de partir et miser sur la technologie

 Même si vous parlez anglais, ce qui vous sauvera dans 90% des cas, apprendre quelques mots avant de partir est toujours utile. Le but n’étant pas de pouvoir tenir une conversation mais de montrer un respect pour les personnes rencontrées qui, je vous l’assure, vous rendront la pareille. Une fois sur place, on peut désormais miser sur la technologie comme Sarah de Vents et Voyages qui utilisent régulièrement google translate ou comme Selena de My Little Road qui utilise son téléphone pour se faire aider dans ses déplacements.

« En débarquant à Tokyo la première fois, j’ai vraiment compris le sentiment de dépaysement total décrit dans le film « Lost In Translation ». Des néons fluorescents, des rues grouillantes de monde et surtout des idéogrammes partout que j’étais incapable de déchiffrer. Pourtant même sans lire ni parler la langue, il est tout à fait possible de visiter et de s’orienter au Japon avec quelques astuces. Tout d’abord avant de partir, j’avais quand même appris quelques mots en phonétique pour avoir les bases de la communication (bonjour, au revoir, merci beaucoup), je savais compter jusqu’à 10 et reconnaitre quelques aliments. Une fois sur place, je conseille vraiment d’acheter une puce locale pour pouvoir utiliser votre téléphone. Les japonais sont fans de technologie et ils vous aideront à trouver les différents lieux en les géolocalisant. Pour être sûr de vous amener à bon port, ils feront même souvent un bout de chemin avec vous dans la bonne direction. Pour les trains et les bus aucune inquiétude, tout est très bien indiqué et parfois les informations sont données dans les deux langues en japonais et anglais. Bien sûr il restera quelques moments d’incertitude en particulier au moment de passer commande dans certains restaurants mais cela fait partie du charme de la destination et en règle générale tout est délicieux au Japon ! »

Selena, blogueuse sur My Little Road

photo-japon-mylittleroad

Sourire et être patient

On a tendance à l’oublier mais le corps a son propre langage et il est universel. Il suffit bien souvent de sourire pour qu’une situation se débloque d’elle-même et si on ne parle pas la langue, il nous reste les mimes et les grimaces pour convaincre les autres de nous aider.

« Depuis 2008, je voyage régulièrement au Sri Lanka et… je ne parle quasiment pas cinghalais et pas du tout tamoul ! Car le Sri Lanka est un pays avec deux communautés différentes, qui possèdent leur propre alphabet, leur propre langue. Ce n’est donc pas facile de parler les langues locales puisqu’on en a deux pour le prix d’une ! Heureusement que le pays est une ancienne colonie anglaise, ce qui permet de parler un tout petit peu anglais, du moins de se faire comprendre un minimum. Mais le meilleur langage quand on voyage dans ce pays, reste celui du sourire, de montrer des images et de mimer lorsqu’on est face à des gens qui ne parlent pas notre langue. Et si ça ne fonctionne pas, on peut également s’essayer au dessin, souvent ça finit en fou-rire avec les locaux et sans parler la même langue, on peut créer un vrai échange.

Caroline, blogueuse sur Tongs et Sri Lanka 

plantation Sri Lanka tongs et Sri Lanka

Préparer son itinéraire à l'avance et lâcher prise

En voyage, on ne contrôle jamais tout. C’est d’autant plus vrai quand on voyage sans parler la langue du pays et parfois même sans pouvoir se fier à un alphabet connu. Dans ce cas, la meilleure option est de préparer un peu plus son itinéraire à l’avance _ pourquoi pas en se munissant de pancartes ou de photos des lieux que vous souhaitez visiter  _ et surtout de lâcher prise. Si les choses ne se déroulent pas comme prévu, il faut savoir se replier sur un plan B et tout de même profiter du moment présent, aussi inconfortable soit-il. En Asie, et particulièrement en Chine, soit ça passe, soit ça casse. Céline et Bianca ont vécu deux expériences très différentes mais chacune a su rebondir à sa façon pour inventer leur propre route face à l’incompréhension.

Le choix de Céline, rester flexible. 

globetrekkeuse-chine-lanzhou

“Après avoir parcouru l’Amérique du Sud pendant 3 mois de Ushuaïa à Cuzco, j’arrivais à Shanghaï pour la suite de mon tour du monde plus que confiante malgré mes deux mots de chinois : “ni hao” (bonjour) et wo shi faguo ren” (je suis française). La Chine est en effet réputée pour sa sécurité et la modernité de ses grandes villes m’assuraient de pouvoir rester connectée avec le reste du monde…mais c’est avec les chinois eux-mêmes que j’aurais le plus de mal à communiquer en m’aventurant dans les provinces. Mon objectif était d’atteindre le Tibet, une région qui me fascine depuis toujours, mais pour cela, il fallait traverser la Chine ! Je me suis vite rendu compte des difficultés de ne pas parler la langue dans ce pays où l’anglais n’est finalement connu que par une minorité et où le langage des signes n’est absolument pas efficace. Essayer de mimer un train en faisant “tchou-tchou” à un chinois, il vous mènera peut-être à un hôtel ou au commissariat mais pas à la gare. 

Non seulement, il m’était impossible de me faire comprendre mais il m’était également très difficile d’appréhender mes voisins puisque je ne comprenais rien…pas franchement rassurant lorsqu’on voyage seule. J’ai finalement tant bien que mal atteint la ville de Lanzhou au centre du pays pour prendre le train jusqu’à Lhassa où m’attendait un guide anglophone (obligatoire pour pouvoir visiter le Tibet), probablement le seul chinois avec lequel j’ai réussi à sympathiser au cours de mon séjour. Je ne regrette pas ce voyage. Le Tibet est une région absolument fascinante. Mais après ces quelques semaines difficiles, j’ai préféré quitter la Chine pour le Népal !”

Céline, blogueuse sur Globetrekkeuse 

 

 

Le choix de Bianca, tourner ses faiblesses en dérision : 

“J’ai étudié en langues modernes. Sans connaître toutes les langues des pays que je visite, j’en comprends souvent les codes, en connais les bases, me fais un malin plaisir à tenter de les apprendre, bref, j’arrive à me débrouiller. Et puis, sinon, l’anglais, ce passe-partout, vient à ma rescousse. 

Ce premier voyage en Asie a mené la langagière que je suis loin, très loin de sa zone d’aisance. Taïwan arrive en tête de peloton de ces pays déstabilisants. Parce que bien qu’il soit possible de s’y débrouiller en anglais dans certains coins, ce n’est pas le cas pour l’ensemble de l’île. Je me suis donc retrouvée, dans des quartiers excentrés, sans aucun repère linguistique. Aucun. Souvent seule avec mes trois enfants, je me demandais bien comment j’allais me débrouiller si je me perdais. J’ai pris l’habitude de tout prendre en photo : affiches, menus, adresses, arrêts d’autobus, etc. Etonnamment (ou pas), ce sont les enfants qui s’en sont le plus rapidement accommodés. Ils arrivaient non seulement mieux que moi à se faire comprendre, mais ils s’amusaient follement à voir maman développer ses talents de mime ! Au final, c’était bien moins pire que ce que je craignais !”

Bianca, blogueuse sur La Grande Déroute

Taïwan étal marché la grande déroute

Finalement, voyager sans parler la langue du pays n’est pas beaucoup plus compliqué pour peu que l’on accepte de s’en amuser, d’observer davantage ce qui compte – un sourire, un regard bienveillant, une attention – et d’aller moins vite. Si l’on oublie la liste des choses à voir au profit d’une réelle expérience, il se pourrait même que l’on vive l’essence même du voyage ; se perdre et, à mesure des jours, apprendre à se retrouver

Et vous, quelles sont vos astuces pour réussir à communiquer en voyage ? 

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