Nous associons souvent le mot “voyage” à l’idée de plage, de sable blanc et de repos, comme s’il était l’exact antonyme du travail. Cette opposition est assez récente historiquement puisqu’il n’était pas rare pour la noblesse européenne du XVIème siècle de voyager à la suite des études pour compléter ses Humanités. 

Depuis une dizaine d’années, la tendance se réinstalle au grand dam d’une poignée d’irréductibles RH et de parents inquiets qui ne voient pas d’un très bon oeil le fait de retarder l’entrée dans la “vie active”. Pourtant, voyager participe à la construction d’une identité forte, assise et réfléchie et n’est pas toujours synonyme de farniente…

Cette idée découle en partie de notre façon de raconter nos voyages. Nous avons tous tendance à partager nos expériences en décrivant tel paysage ou tel sommet auquel nous avons été confrontés en gardant pour nous l’essentiel : ce que nous en avons appris et ce qui a profondément modifié notre vision du monde. 

C’est pourquoi j’ai décidé de vous parler de ces 10 expériences de voyage qui ont changé ma vie. N’hésitez pas à partager les vôtres en fin de page pour enrichir l’article 😉 

1. Le jour où j'ai appris à refuser les clichés

Aller à la rencontre de l’autre nous oblige à nous remettre en question et à supprimer les clichés qui nous hantent. Impossible de tirer des généralités sur une région, un peuple ou une religion si vous avez en tête l’image d’une rencontre.

Lors de mon premier voyage en Indonésie, en 2009, de nombreux balinais m’ont déconseillé d’aller à Lombok, l’île voisine de Bali. Peu accueillants, arnaqueurs et agressifs, voilà le portrait que l’on m’avait dressé. Les guides faisaient même état  de quelques attaques armées visant des touristes autour du volcan Rinjani. J’avais prévu de parcourir l’île à vélo donc je n’étais pas très rassurée en débarquant à Lombok le premier jour. 

Sur une route escarpée, au milieu de nulle part, j’ai croisé un jeune homme en scooter, un fusil à l’épaule. Il s’est arrêté à mon niveau et m’a demandé où j’allais. Il me restait plus de 20 km pour rejoindre la première ville et aucune issue ne s’offrait à moi. J’ai continué à pédaler pendant qu’il garait son scooter. Il a couru vers moi,  m’a fait descendre de mon vélo sans parler et l’a poussé tout le long de la côte, en me parlant de Zidane, son joueur de foot préféré…

Cette rencontre m’a appris à ne pas avoir d’à priori et d’aller encore plus loin dans mes voyages comme en 2013, quand je suis allée faire un pèlerinage musulman au Sénégal, non pas parce que je suis croyante, mais par curiosité 😉

2. Le voyage qui m'a fait aimé rester chez moi

 

En 2011, le coeur léger, je décidais de partir en Australie. Je disais à qui voulait bien l’entendre que je ne rentrerai pas avant 4 ou 5 ans. J’ai adoré l’Australie et j’avoue que le pays me manque toujours mais, de retour en France, j’ai retrouvé ce que j’aime et je me suis rendue compte du bonheur des relations longues et construites car, il faut quand même l’avouer, les liens sont plus profonds et plus solides. Ce voyage m’a permis de faire le tri dans mes connaissances et de reconnaître  les personnes dont je ne pouvais plus me passer au quotidien. Pour moi, fille d’expatriés qui a passé sa vie sur les routes, c’était un sacré enseignement. Une autre vie s’ouvrait à moi, avec autant de voyages, mais avec un quotidien plus ancré. 

3. Le voyage qui m'a appris à être dans l'instant présent

 

Nous avons tous des to do lists d’un mètre de long, des choses que nous voudrions accomplir et des souvenirs que nous voudrions effacer qui nous suivent à longueur de journée. 

Au milieu du bush Australie, un soir d’été, j’ai rencontré Ben. Il avait tendu une corde au-dessus d’une rivière et s’amusait à faire des aller-retours  en essayant de ne pas tomber dans l’eau. Il était léger, drôle et son sourire était vrai. Je me souviens que son regard m’avait marqué. C’était, à cette époque, la personne la plus heureuse que j’avais jamais rencontré. Pourtant, en discutant plus avant avec lui, il m’a confié qu’il venait juste de perdre son père. Il avait du lutter quelques jours puis avait décidé de s’accorder malgré tout le droit de vivre l’instant, sans penser au lendemain, de rire et de vivre son deuil quand il le souhaitait sans pour autant rester prostré. Sa force de vie m’a tellement impressionné que j’ai radicalement changé ce week-end là. 

Grâce à lui, je m’autorise maintenant à être heureuse au jour le jour, quelque soit les évènements extérieurs.   En 2011, le coeur léger, je décidais de partir en Australie. Je disais à qui voulait bien l’entendre que je ne rentrerai pas avant 4 ou 5 ans. J’ai adoré l’Australie et j’avoue que le pays me manque toujours mais, de retour en France, j’ai retrouvé ce que j’aime et me suis rendue compte du bonheur des relations longues et construites car, il faut quand même l’avouer, les liens sont plus profonds et plus solides. Ce voyage m’a permis de faire le tri dans mes connaissances et de reconnaître  les personnes dont je ne pouvais plus me passer au quotidien. 

4. Le voyage qui m'a appris à vivre mon empathie

 

Une de mes meilleures amies d’enfance est cambodgienne. Son père est arrivé en France à la fin des années 70 quand les Khmers rouges sont arrivés au pouvoir. Nous n’en parlions pas, jamais, un peu car son histoire est très douloureuse, beaucoup à cause de la barrière de la langue. Plusieurs fois, je lui ai demandé s’il avait envie de retourner au Cambodge mais je sentais bien qu’il n’était pas encore prêt même si une partie de sa famille s’y trouve encore. 

Je m’étais jurée d’y aller pour lui et de lui ramener une autre vision du pays que celle de la guerre. En 2010, lorsque j’ai enfin pu visiter les champs de la morts et le musée S21, j’ai pu ressentir la douleur qu’avait engendré ce génocide mais aussi la force de cette population que se relève enfin de cette période sombre. Cela faisait six ans que je n’avais pas eu de nouvelles de Yin mais j’ai tenu à lui envoyer un mot. Une simple carte poste lui disant que je m’étais recueillie pour lui, que la page était tournée au Cambodge et que, lorsqu’il se sentirait prêt, il pourrait y retourner. 

Nous nous sommes revus en 2014. Ma carte postale, toujours avec lui, comme un lien entre nous, un voyage que j’ai fait pour lui et qui pourtant m’a semblé être un des plus beaux cadeaux que j’ai pu recevoir dans ma vie car j’ai appris à me connecter davantage aux sentions des autres

5. Le voyage qui m'a appris à revenir à l'essentiel

 

Nord Thaïlande. J’avais décidé de passer une semaine dans une famille de la tribu akha. Pas d’eau courante, peu d’électricité, pas de toilette et une cuisine rudimentaire. Mes hôtes ne parlent ni anglais, ni thaï et nous égrenons notre temps entre la confection de paniers d’osier, l’entretien des champs de canne à sucre et les travaux ménagers. Comme nous ne nous comprenons pas, le soir, nous échangeons quelques sourires, des gestes simples, on chante et parfois, on mime les incidents de la journée. 

Les conditions de vie de cette famille sont difficiles, il faut bien se l’avouer. Mais il y a une telle complicité entre eux que j’ai eu l’impression de comprendre, une bonne fois pour toute, que le coeur est, dans cette vie, tout se qui compte. Depuis, j’essaye au maximum de garder un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et d’avoir, quoiqu’il arrive, toujours du temps pour mes proches

danse akha, nord Thaïlande
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