Pourquoi apprendre le chinois ?
Bien qu’environ 1 milliard de personnes dans le monde parle chinois, cette question se pose encore et toujours malgré l’évidence du nombre.
J’essayerai d’y répondre tout au long de cet article et de vous donner mes trucs et astuces pour apprendre le chinois, contrer les objections les plus courantes et vous faire partager mon intérêt pour cette langue.
En avant !
Répondre aux 10 objections courantes
1. C’est trop compliqué : abandonne tout de suite !
Depuis quand on ne fait pas quelque chose parce que c’est “trop compliqué” ? “Ce n’est pas parce les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles”. Sénèque ne pouvait voir plus juste.
Ce n’est qu’en apprenant que vous pourrez savoir si la chose est insurmontable.
2. Ca ne sert à rien : les chinois sauront parler anglais avant que tu saches parler chinois.
Certes…Mais avez-vous remarquez la différence de traitement entre un anglais demandant sa baguette à la boulangerie du coin en anglais et celui essayant de baraguiner le français. Que c’est agréable, que c’est flattant d’entendre quelqu’un se battre avec quelques sons familiers pour en faire une phrase ! Apprendre le chinois, c’est donc avant tout la preuve d’un intérêt réel porté à une culture, un pays et ses habitants. Et l’anglais, bien pratique, n’égalera jamais la valeur reconnue de cet effort.
3. De toute façon, tu ne parleras jamais.
C’est bien possible. En effet, il est très difficile pour un Européen de bien prononcer le chinois et donc, de se faire comprendre. Les quatre différents tons donnant sens aux mots sont assez difficiles à saisir mais avec un peu de patience et beaucoup de pratique, vous arriverez à vos fins.
4. De toute façon, tu ne sauras jamais écrire.
L’apprenti débutant se laissera facilement perturber par cette objection. Pourtant, écrire chinois n’est pas si compliqué que cela y paraît. Il n’y a que 214 radicaux (je vous l’accorde, c’est déjà pas mal) qu’il suffit d’additionner ou de superposer pour obtenir tous les caractères chinois. Ce n’est pas la mer à boire ! Un peu d’exercice et une bonne mémoire vous suffiront pour savoir écrire les signes les plus courants.
5. Moi, j’aime pas les chinois.
Se référer à l’objection 9. Je la contrerai de la même manière. Mais il est également possible de s’en sortir en sifflotant un air bien connu de Brassens…Un petit indice ? “Quand ils sont tout neufs, qu’ils sortent de l’oeuf, du cocon” etc…
6. Et t’as pensé au Tibet ?
Elle dit qu’elle ne voit pas le rapport. Je n’ai pas eu l’impression de soutenir la révolution sandiniste lorsque j’apprenais l’espagnol. Cette réflexion semble injustifiée à tous lecteurs (sains). Alors pourquoi la question se pose-t-elle tant pour la Chine ? A vrai dire, je n’en ai aucune idée. Au contraire, à tous les révoltés de cette cause, je dis : apprenez le chinois, formez vous à la culture chinoise car quoi de mieux pour changer les choses que d’être au coeur de celles ci…
Nota bene : au vu de l’actualité, cette réponse pourra aussi être appliquée à : la Chine possède une bonne part de la dette européenne et toi, tu apprends le chinois ?
7. Et ça va te servir à quoi ?
Je ne sais pas pourquoi, mais celle là me met particulièrement en rogne. Faut-il absolument que tout serve à quelque chose ? Que tout soit rentable ? Utile ? Je fais partie de ces gens qui font encore quelques activités par plaisir pur, par “loisir”. A ce titre, le chinois a la même utilité pour moi que de boire une bière en terrasse. Et j’estime que cette dernière activité m’est très utile au quotidien ! 🙂
8. Tu sais qu’il faut 10 ans pour apprendre à parler chinois ?
FAUX ! Fini le temps où parler chinois nécessitait des années d’efforts surhumains. Depuis, des méthodes ont vu le jour, grâce au travail des linguistes et sinologues, qui permettent d’apprendre le chinois beaucoup plus rapidement. C’est pour cela que le pinyin a vu le jour. Il permet à tout le monde d’écrire le chinois grâce à l’alphabet latin. Comptez environ 2 ans pour commencer à vous faire comprendre.
L’écriture chinoise a également été modifiée dans les années 50 pour rendre la mémorisation et l’écriture plus aisée. Depuis, le chinois s’écrit de gauche à droite et non plus verticalement et de nombreux signes ont été simplifiés.
9. Moi, j’adore les raviolis, nems et autres canards laqués
J’ADOre ! J’aime ! Je jubile !
Cette objection est presque aussi souvent rencontré que ce dialogue entre deux amis (dont je tairais les noms) :
“Bonjour, je m’appelle Mehdy (celui là, je suis obligée)
– Oh ! Tu es Marocain ?
– Oui.
– J’adore le couscous”.
Que répondre à part que c’est formidable et, éventuellement, que l’on aime la poule au pot ?
La meilleur façon d’agir face à ce genre d’objections et de glisser au pied du sapin dudit simplet, le Dictionnaire des idées reçues de Flaubert. Si ce présent ne l’invite pas à la réflexion, il le fera sourire, du moins je l’espère…
10. Moi je connais quelqu’un…
Alors, oui ! Tout le monde connaît quelqu’un qui a appris le chinois et qui a entendu un chinois dire du mal d’un étranger. Es-ce une raison, encore une fois, pour s’arrêter là ? Pour certains oui. Moi, cela me donne davantage envie d’apprendre et de tordre le coup à ces innombrables clichés et préjugés que l’on a sur les chinois.
“Ah ! Et tu parles chinois ?”
Cassons le mythe ! Personne ne parle chinois, en commençant par les chinois eux-même !
Si une langue unique réunissait plus d’un milliard d’individus dans le monde, ça se saurait. Je sais, c’est ce que je vous ai dit plus tôt, mais c’était pour vous appâter ! 🙂
En Chine, on parle le mandarin, le cantonais, mais aussi le wu, le gan, le hakka et une infinité de dialectes. Autant dire que vouloir apprendre à parler chinois est déjà un dilemne.
Si vous avez un objectif bien particulier (séjourner dans une région de Chine ou y travailler), commencer par étudier la carte ci-dessous pour faire votre choix. Sinon, optez pour le mandarin, la langue officielle parlée par plus de 830 millions de personnes.
Comment démarrer le chinois ?
Pour démarrer le chinois, pas de secret. Il faut tout d’abord changer de système ; de prononciation, d’alphabet et de construction grammaticale. Autant de différences à intégrer au départ nous oblige à passer par un apprentissage intensif, au moins au début. Il est très important de travailler énormément au début pour bien installer ces bases. Je pense que l’idéal est de se concentrer tous ces efforts sur le chinois au moins pendant les 4 premiers mois. Intensif, ça veut dire quoi ? Cela dépendra de vos capacités de mémorisation bien sûr. Mais la clef est de travailler tous les jours, si possible pendant 1h. Comptez donc 7 heures de travail personnel pour une heure de cours.
En ce qui concerne le choix des cours (individuel, collectif, intensif, à la carte), chacun a ses avantages et inconvénients. Choisissez donc quelque chose qui correspond à votre caractère, vos capacités d’apprentissage et votre emploi du temps.
Moi j’ai préféré le cours particulier où j’ai la possibilité d’avoir un suivi personnalisé et où je peux avancer à mon rythme. Le hic, bien sûr, c’est de ne pas pouvoir échanger avec d’autres élèves mais je ne désespère pas de me faire des 网友 (comprenez des “amis d’internet” ou des correspondants). D’ailleurs, si vous apprenez le mandarin et que vous cherchez aussi un correspondant, n’hésitez pas à me laisser votre email !
Quant aux méthodes pour apprendre le chinois, je pense qu’il est raisonnable de s’y essayer seulement si vous possédez déjà quelques bases.
Le pinyin seulement ou apprendre à écrire ?
Question difficile car écrire vous demandera des efforts significatifs et n’est plus réellement nécessaire pour maîtriser le chinois.
Tout dépend, encore une fois de votre objectif. Si vous avez décidé d’apprendre le chinois pour des raisons professionnelles, vous pouvez vous passer de l’écriture, au moins dans un premier temps. S’il s’agit plus de comprendre la culture chinoise, il est plus difficile de faire impasse sur l’écriture.
D’autant plus, que c’est la partie la plus intéressante ! En effet, chaque signe est en fait un idéogramme. Apprendre à écrire est donc un merveilleux pont vers la pensée chinoise et la construction des idées. “Faire une sieste” par exemple, se dit “xiu”. Pas évident à retenir. Mais si on sait que “xiu” s’écrit 休, c’est-à-dire en additionnant le signe désignant le mot “homme”, 人, et le signe de l’arbre, 木, on imagine aisément qu’un homme, à l’ombre d’un arbre est enclin à s’endormir tranquillement…
Chaque signe se présente comme un dessin
90% des signes sont contruits en deux parties : une partie correspondant à la prononciation du signe, une autre à la signication. Ecrire, c’est donc non seulement comprendre comment l’idée d’un mot à été formé mais aussi savoir comment se prononce le mot.
Culture chinoise
On écoute la formidable quotidienne de France Inter : Passe-Muraille par Daniel Bastard. Textes et archives audios disponibles ICI !
A suivre…au fur et à mesure de mon apprentissage !
On lit Grenouilles de Mo Yan, un roman enivrant qui nous plonge dans la Revolution Culturelle sous fond de politique de l’enfant unique. Superbe !
Et le chinois, c’est fun ?
Bah en vla une question ? Bien sûr ! Voilà mes petits trucs à moi pour apprendre en m’amusant :
Jouer au Mahjong en ligne pour retenir les caractères.
Si vous êtes célibataire (ou si vous avez un conjoint patient…), coller des étiquettes sur chaque objet de votre appartement avec signe et pinyin.
Ecouter des dialogues en chinois. C’est en général sur la prononciation que l’on se casse les dents…et la tête !
Après quelques mois de travail intensif, on s’essaye au HSK, le TOEFL chinois, pour apprécier ses progrès en attendant de s’inscrire au vrai concours !
A vos cahiers et crayons ! Cela dit, n’oubliez pas le mot d’esprit de ce cher Mao…
Un bon site d’exercice pour retenir les signes selon votre niveau ! http://parlezchinois.free.fr/exercice_hsk.html
Encore une trouvaille ! Apprendre l’histoire des signes sur youtube (sans le son ! vous comprendrez pourquoi…) :
Le meilleur moyen pour apprendre (à parler surtout), c’est d’aller en Chine 🙂
J’ai vécu en Chine pendant 2 ans et avant de partir, je ne connaissais pas un mot de chinois. J’ai appris sur le tas, avec le petit Harraps au début puis avec les collègues ou le vendeur de nouilles dans la rue. Bon, bien entendu, je ne peux pas tenir une conversation complexe, mais je suis capable de me débrouiller au quotidien : au restaurant, dans les magasins, pour acheter un billet de train, etc. Tout dépend après de pourquoi on apprend le chinois.
Quant à l’écriture, je crois qu’il faut faire la différence entre lire et écrire. Là encore, j’ai appris à reconnaître un certain nombre de caractères (notamment dans le domaine de la nourriture pour les plats au restaurant) mais je ne suis pas capable de les écrire. L’écriture est difficile car il y a un ordre à respecter dans les traits. Si vous faites les traits dans le mauvais ordre, c’est un peu comme une faute d’orthographe.
L’immersion reste la meilleure solution, et quand je suis allée en Chine (2007-2009 en gros), très peu de chinois parlaient anglais donc pas le choix, il fallait apprendre la langue pour s’en sortir. Et quand on n’a pas le choix, on apprend plus vite 🙂
Tout à fait d’accord avec toi @gaelle .
Moi j’ai choisi d’apprendre à écrire pour l’attrait de la langue et de la calligraphie.
Je ne suis toujours pas capable de faire des phrases compliquées mais je peux dire à peu près ce que je veux manger et où je veux aller. Maintenant, il est grand temps de retourner en Chine pour progresser 😉
Il faudrait que j’y retourne aussi pour voir si je me souviens encore des quelques mots que j’avais appris ! 😉