Dans la série “un livre pour un pays”, j’avais envie de vous parler aujourd’hui de mon coup de coeur pour Le Testament français d’Andreï Makine, un témoignage bouleversant sur une enfance entre la France et la Russie. Un grand livre, comme une invitation au voyage vers la Russie. 

Andreï Makine.

Dans mon monde secret, j’invoque les dieux de la littérature par deux mots oniriques et magiques : “bartavelles et ortolans”. Comme parfois une couleur, ou un imprimé, fait naître un arrière goût de madeleine, le vent qui souffle en cette fin de mois de septembre m’emporte en Sibérie. Pensez-vous que c’est impossible ? Que la distance est trop grande ?

Qui a pris le temps de flâner dans les rayonnages de Gilbert Jeune, qui s’est laissé corrompre par les programmes littéraires télévisuels a peut-être croisé un petit livre discret ; synthèse de deux mondes, de deux extrêmes d’un même continent.

 

Andreï Makine vogue sur une double exigence, une double finesse ; pour l’enfant de la fusion, le français permet d’accéder au sentiment et à l’inconscient tandis que le russe se veut la langue du réel, du concret. Une langue qui puise sa force dans le froid de la steppe et qui s’ancre directement dans la neige. Perdu, il dit alors : “il me fallait inventer une langue inédite dont je ne connaissais pour l’instant que les deux premiers vocables ; bartavelles et ortolans…”.

Il nous entraîne alors vers une nouvelle France, son “Atlantide”, celle de 1910 où Neuilly se confond  avec un “chapelet d’isbas”. Nous voyageons de la Russie Orientale à Cherbourg, de l’empire des tsars à l’URSS de Staline et toute l’Histoire devient mouvante ; la vérité est-elle celle du faste lumineux du mot “tsar” ou celle de la rugosité sanguinaire du mot “Llapb” ?

Nous devenons alors comme étranger à notre propre pays, comme si les mots surpassaient l’image, “bartavelles et ortolans” nous reviennent plus sonores, formule magique, porte vers un autre monde. Il reste alors à découvrir ce que l’on ne peut transcrire ; le style et la finesse avec lesquels s’est écrit cette petite bible littéraire.

Informations complémentaires :

Le Testament français, Andreï Makine.

Andreï Makine, docteur es lettres, est né en 1957. Il a reçu le Prix Goncourt, le Prix Médicis et le Prix Goncourt des Lycéens pour son roman Le Testament français. 

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