La seconde étape du Mare i Monte, de Bonifatu à Tuarelli a l’avantage d’offrir une ombre quasi constante. En plein coeur de la forêt de Bonifatu, le sentier alterne entre hautes fougères et pins maritimes. L’ascension jusqu’au col de Bocca de l’Erbaghiolu est assez plaisante et permet de profiter de superbes points de vue.  Mais une fois passés les quelques 1258 m du col, la descente de plus de 7 km vers

Tuarelli mettra les genoux les plus fragiles à l’épreuve. Heureusement, une belle récompense viendra clore cette seconde journée de marche sur le Mare i Monte : à Tuarelli, vous pourrez vous baigner dans les vasques du Fango

Si vous vous apprêtez à randonner sur le Mare i Monte, vous trouverez dans cet article le récit de mon étape, le profil de la randonnée, la trace GPX téléchargeable ainsi que mes adresses pour dormir et manger sur le sentier. 

Bonifatu - Tuarelli : profil de l'étape 2

Jour 2 : Bonifatu – Tuarelli 

  • Kilométrage : 17 km 
  • Temps de marche : 8h 15
  • Dénivelé : +774 m / – 1207 m 

 

Download file: Mare i Monte. Etape 2. Bonifatu - Tuarelli.GPX

Bonifatu - Tuarelli : le récit de la deuxième étape du Mare i Monte

"La vertu du voyage, c'est de purger la vie avant de la garnir."   

La nuit a été particulièrement fraîche à Bonifatu. Me lever tôt, plier la tente et repartir sans autre but que celui d’égrener les heures au travers de mes pas relève d’un véritable plaisir qui m’avait manqué depuis la fin du GR34. Cette deuxième étape, je la crains depuis qu’un costaud m’a dit qu’elle était la plus longue et la moins intéressante du Mare i Monte. Il est 8h. Un chemin forestier serpente entre les arbres. Ça grimpe déjà mais la forêt prodigue suffisamment d’ombre pour que la progression soit agréable. A 2 km de Bonifatu, je passe une petite rivière asséchée. Ici, plus qu’ailleurs, l’eau est un combat et les températures de ces dernières semaines n’ont fait qu’augmenter ce problème récurrent dans ce quart nord ouest de l’île. Aux abords du sentier, les ruines du chalet de chasse de Pierre Napoléon. Son château aussi est en ruine, un peu plus bas dans la vallée de Galéria où au milieu des oliviers il attend patiemment qu’un mécène lui redonne sa gloire d’antan. 

Foret de Bonifatu, Corse
Foret de Bonifatu, Corse
Ruines du château de Pierre Napoléon Bonaparte, Bonifatu, Corse

Enfin, je lâche prise et tandis que le sentier continue de grimper sans moi, je fredonne les chansons que ma grand-mère m’apprenait petite alors que le corse, longtemps oublié et méprisé, n’était enseigné que par les aïeux volets fermés. Aujourd’hui, la langue revient. Les petites cousines le parlent, se chamaillent, s’en servant comme d’une langue secrète aux récréations. Perdue dans mes pensées, je me retrouve soudain nez à nez avec un corsinu, ce chien hargneux et trapu qui porte, en hommage à son maître, la même robe de treillis militaire marronnée. Le regard est vide et je n’ai aucune idée de son intention. A cette distance, impossible de savoir s’il remue la queue par plaisir de la rencontre fortuite ou parce que la chasse, ce week-end précisément,  vient de rouvrir et qu’il a trouvé en moi sa première proie de la saison. Lestée par mes vingt kilos de fatras et de calories diverses et variées, je n’ai aucune chance, même avec la dizaine de mètres qui nous sépare encore. Courageuse mais sûrement pas téméraire, j’attrape le bâton qui, par chance, traîne juste à mes pieds et, avant de franchir le rubicond, tente un amical “tu veux jouer mon gros pépère ?”La queue frétille, énergique. Et, alors que je m’apprête justement à lancer mon arme drolatique en contrebas, son maître apparaît. Une baraque. 1,90 m de muscles et de bronzage des calanques m’adresse un bonjour doux à bercer un nouveau né. Tioca à ses pieds saute en remuant l’arrière train. Il est d’ici, de Moncale, la réserve où malgré l’interdiction de chasse, on ne voit plus guère de sanglier. Il aime à s’y promener, “par habitude”. L’antépénultieme syllabe est mâchée : il n’y a aucun doute, il est bien de la région. Sans aller jusqu’à livrer mes coins, je le plains aimablement. Le Nebbio regorge encore de sangliers et je sais mon beau-père à la chasse en ce moment. 

A mesure que ses pas s’éloignent, je reprends mes pérégrinations mentales, ce calme qui m’envahit dès que je marche en forêt, laissant les pensées une à une faire le chemin. 

Randonnée en Corse, Le Mare i Monte
Randonnée en Corse, Le Mare i Monte
Cairns
Cairns sur le Mare i Monte, Corse

A 800 m d’altitude, la forêt change soudain. A la place du tapis de hautes fougères, se dressent des pins maritimes et une roche rouge et blanche qui me rappelle les AlpesIl me faudra encore quatre heures pour atteindre le Col de Bocca di l’Erbaghiolu (1258 m). Ici, le paysage est désolé. Entre les roches dressées, une vue imprenable sur Galeria et la vallée du Fango, la prochaine étape du Tra Mare i Monti. En contrebas, au milieu d’un pierrier, je rate une grosse pierre balisée qui m’invite à tourner à droite. Fidèle à ma route, je descends une mer de cailloux escarpée, trop escarpée il me semble pour qu’il s’agisse d’un sentier de randonnée. J’hésite, remonte, et bien obligée de constater que je ne vois rien d’autre, descends à nouveau vers mon tumulte rocheux en ne m’astreignant qu’à une seule règle ; continuer ma descente uniquement tant que je peux remonter le terrain. Chi va piano, va sano. Ma lente hésitation m’aura sauvé à bien des égards et, entendant un couple, les premiers randonneurs croisés de cette matinée, j’attends patiemment qu’ils fassent sentier pour leur emboîter le pas. Mauvaise vallée. L’erreur a été évitée de peu et aurait pu me coûter quelques heures. 

Bonifatu
Forêt corse
Bonifatu
Bocca di l'Erbaghiolu
Bocca di l'Erbaghiolu, Corse

Voilà maintenant 6h30 que je marche et j’attaque enfin le début de la descente vers Tuarelli. Cette fois, la forêt n’a pas grand intérêt et je prends mon mal en patience.  A Bocca di Lucca (575 m), le GPS m’indique que j’ai fait 15 km depuis Bonifatu, la distance prévue pour la journée par mon topo guide. Je suis pourtant encore bien loin de mon point de chute pour la nuit. Patience et longueur de temps…Tout mon répertoire de chant corse – certes modeste – y passe avant que je commence à m’agacer. Mon syndrome cacahuète, une malformation très rare qui m’handicape lourdement en descente – se rappelle à moi. Mon pied gauche n’en fait qu’à sa tête. Cheville laxe et pied qui s’écrase vers l’intérieur de la voute plantaire manque à plusieurs reprises de me faire tomber. J’ai le pied, littéralement, qui part en cacahuète. Impossible de penser à autre chose. Je fixe pendant les 7km restants sur ma chance toute relative de ne pas avoir les pieds arachides – pareil que les pieds cacahuètes mais avec une coque dure et légèrement bosselée qui, de loin, pourraient ressembler à des crocs. 

Vallée du Fango, Corse

Enfin, une pancarte me projette vers une douche et le confort de ma tente. Il est 16h et harassée, les épaules en feu, je retire mon sac à l’entrée de l’Alzelli, le gîte d’étapes de Tuarelli.

–  Le posez pas sur la table ! me lance un vieux à la moustache grisonnante de l’intérieur d’un bureau. 

– Je l’appuie juste pour l’enlever de mon dos. J’ai plus de force.  

– Pas sur la table, je vous dis. Elle a les pieds qui tordent.” 

Mon pied à moi tort aussi mais je me garde bien de le dire à mon hôte qui, de toute évidence, rumine à chaque nouvelle arrivée. 

Je monte la tente sur un terrain de guingois, entre deux caravanes colonisées par les frelons. Malgré l’interdiction formelle du patron peu commode, j’attrape à la volée un paquet de chips et une boîte de thon pour pique-niquer le plus loin possible du camping. Sur le terrain, en contrebas, un sentier mène au Fango. Cela fera parfaitement l’affaire. Calée sur une grosse pierre, j’observe le ballet des libellules noires. Même allures et même robes que les mariées de nos histoires corses qui font le deuil de leur famille avant d’en embrasser une nouvelle. Patiemment, j’attends que la nuit tombe pour oublier le décor d’un bivouac où je n’ai pas envie de rester. La tente redevient mon refuge pour la nuit. 

Bonifatu - Tuarelli : Où dormir ?

gite de l'auberge de la foret Bonifatu corse mare i monte

Vous l’aurez compris, je n’ai pas été ravie ravie de mon étape à l’Alzelli, le gîte d’étape de Tuarelli. Si vous souhaitez malgré tout vous y arrêter, je vous en laisse les coordonnées, l’autre possibilité étant de poursuivre votre route sur le sentier jusqu’à croiser la D351 qui longe le Fango (comptez environ 30 min à 1h de marche supplémentaire) où vous trouverez hôtels et chambres d’hôtes. 

L’alzelli, gîte d’étapes de Tuarelli,

Forêt de Bonifatu, 20214 Calenzana

Tél : 04 95 65 09 98

Ouvert du 1er avril au 30 septembre.

Vous pouvez également trouver un hôtel à proximité sur Booking.com

Bonifatu - Tuarelli : où manger ?

Le midi, prévoyez votre propre pique-nique et suffisamment d’eau pour la journée car il n’y a rien pour se ravitailler sur la route. 

Le soir, vous pourrez dîner au restaurant de l’Alvelli qui propose des pizzas (lors de mon passage, le restaurant était fermé car le four à pizza ne fonctionnait pas), dans votre maison d’hôtes ou dans un des restaurants longeant la D351 si, comme je le vous conseille, vous poursuivez votre route plus loin que l’Alvelli. 

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Randonner sur le Mare i Monte

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