“Le seul, le vrai, l’unique voyage, c’est de changer de regard” disait Marcel Proust. Cela pourrait être la devise d’Art and Town, toute jeune équipe parisienne bien décidée à faire changer les regards sur le street art. Contrairement aux nombreuses offres qui fleurissent autour de cette thématique, ici le sujet n’a pas été pris à rebours Ce n’est pas quelques guides ayant flairé le bon filon ni un crew en mal de financement mais une team hétéroclite de graffeurs et de guides
curieux et passionnés qui sont à l’origine du projet et Dieu que c’est rafraîchissant ! En cette belle journée de juillet, je place le curseur très haut et prend Marcel au pied de la lettre. Je claque la porte de mon appartement parisien, descends quelques marches et confie à Victor, mon guide pour l’après-midi, la difficile tâche de me faire redécouvrir mon quartier, ana le 13ème arrondissement.

Victor installe le contexte, sans se précipiter : il revient sur les origines du tag, quand il ne s’agissait encore que d’écrire son nom sur un mur de New York ou de Philadelphie pour obtenir de la “fame”, la gloire, que ce fut le cas pour Trasy 168. Il faudra attendre les années 60 et le boom des affiches publicitaires pour que certains artistes voient la rue comme un moyen non seulement de se libérer du diktat des galeries mais également de propager des slogans contestataires. Le tag devient alors politique, mouvement parallèle à celui du hip-hop et, comme les murs des métros en sont recouverts il faut, pour se faire entendre, miser de plus en plus sur une certaine esthétique.

En déambulant dans les rues de la Butte aux Cailles, je commence à douter. Victor nous apprend à déchiffrer derrière chaque graff le signe d’un courant, d’une technique, parfois même les traits d’un artiste reconnaissable entre tous. Et si, au lieu de mon quartier, j’étais en train de rencontrer l’art ?
Bien sûr, j’étais loin de voir le street art comme des peintures rupestres de gangsters analphabètes. J’avais eu l’occasion d’essayer le graff et il m’arrivait de m’émouvoir devant une oeuvre et de tirer rapidement un appareil photo de mon sac. Mais diantre, je dois l’avouer : le pochoir, le collage, le creusage et toutes ces étrangetés m’avaient complètement échappés !
Maintenant que je suis incollable, et pour crâner un peu, je pourrais vous refaire toute l’histoire de la technique du pochoir…Saviez-vous par exemple que cette technique, utilisée d’abord par les punks pour démultiplier leur message au plus vite (il faut se rappeler que le tag est un art illégal et que la police n’est jamais très loin), a un inconvénient majeur : celui de limiter le nombre de couleurs du dessin puisqu’il faut, pour chaque couleur, un nouveau pochoir ? Saviez-vous donc, qu’il faut attendre que le collectif WCA s’en empare dans les années 2000 pour que le pochoir exprime toutes ses possibilités et prenne enfin sa place de technique majeure ? Vous ne me croyez pas ? Regardez un peu les détails de cette porte de garage signée Artiste Ouvrier.



Oui, je sais ça en jette pas mal tout ce que je connais…Et comme la culture, c’est comme la confiture, je vais m’arrêter là. Je ne vous parlerai donc pas du Projet Time to Dance que je scrute maintenant partout dans Paris, des fresques collaboratives de Kashink, du travail engagé de C215, de la technique incroyable de Vince, mon petit chouchou et du lien entre Obey, un géant et la politique.



Ce que je vous dirai par contre, c’est de filer vous inscrire au plus vite à une des visites d’Art and Town :
- parce que c’est mon coup de coeur parisien 2016,
- pour saluer leur travail génial,
- pour enfin comprendre le street art,
- pour redécouvrir ces quartiers de Paris,
- parce que ça coûte pas un bras !
Et parce que je cherche des gens pour m’accompagner pour la prochaine visite street art du 20ème arrondissement !


Informations complémentaires
Art and Town,
Visite street art dans les rues du 20ème et du 13ème arrondissement de Paris.
Inscription obligatoire sur leur site.
Prix : 15 euros par personne.
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